COMMENT PROFITER DE L’INFLATION ?

La classe moyenne est fichue. La hausse des frais de santé contraint des personnes traditionnellement à l’aise financièrement à limiter de plus en plus leurs dépenses sur les besoins essentiels.

Les salaires de la classe moyenne stagnent. Certaines personnes gagnent un peu plus d’argent, mais pas grand-chose. Depuis 1979, les salaires de la classe moyenne n’ont augmenté que de 6%, et pour ceux qui sont tout en bas de l’échelle, ils ont baissé de 5%.

Et quelles sont les seules personnes qui s’en sortent bien ? Celles qui gagnent énormément d’argent – ou les ultra-riches – dont les revenus ont augmenté de 41%.

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Qu’est-ce que l’inflation ?

Avant de nous intéresser aux effets de l’inflation sur la progression des salaires, je tiens à prendre un instant pour définir ce qu’est l’inflation.

La définition la plus simple de l’inflation est la suivante : c’est quand les prix augmentent et que le pouvoir d’achat d’une devise diminue. Cela veut dire que vous pouvez acheter moins de choses qu’auparavant avec la même somme d’argent.

Toutes les économies subissent l’inflation (ou la déflation) à un moment donné. Mais cela devient un problème lorsque les niveaux de revenus d’une population ne la suivent pas ou ne la surpassent pas.

Et dans ce cas, les gens deviennent plus pauvres, même s’ils pensent qu’ils gagnent plus. 

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Qu’est-ce qui provoque l’inflation ?

L’inflation peut se produire de différentes façons, au sein d’une économie.

  1. La demande grandissante en faveur de biens peut faire baisser l’offre et donc augmenter les prix. Cela se voit dans le dynamisme du marché immobilier où le nombre de gens désireux de s’acheter une maison est plus élevé que le nombre de logements sur le marché.
  1. L’augmentation du prix des choses telles que la main-d’œuvre et les matériaux peut provoquer une hausse des prix. Par exemple, il y a peu de temps, le cours mondial du houblon a grimpé et le prix d’un pack de bière a augmenté de deux dollars. Je me souviens avoir acheté de la bière il y a quelques années à 6,99 $ le pack. Aujourd’hui, le pack doit coûter 9,99 $, voire plus.
  1. La relation entre la hausse des coûts et les attentes concernant les salaires contribue également à l’inflation. C’est ce que l’on appelle la spirale prix/salaire. Cela veut tout simplement dire qu’à mesure que les prix grimpent, les travailleurs pensent gagner plus… ce qui fait ensuite grimper les prix.
  1. L’inflation peut se produire d’une quatrième façon : lorsque le gouvernement manipule la masse monétaire, comme cela a été le cas aux États-Unis avec l’assouplissement quantitatif (“QE”) – c’est-à-dire l’impression d’argent frais – à la suite de la dernière crise financière. Pour rappel : il y a QE lorsque la Fed gonfle son bilan en achetant des bons du Trésor afin de maintenir des taux d’intérêt peu élevés. C’est comme si vous et moi nous imprimions des dollars pour régler les relevés de nos cartes de crédit.

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Quels sont les types d’inflation ?

Il existe beaucoup de types d’inflation, mais les trois principaux sont l’inflation rampante, l’inflation déclarée et l’inflation galopante, ou hyperinflation.

  1. L’inflation rampante est une inflation normale, modérée que souhaitent la plupart des économies et qu’elles anticipent. Par exemple, la Réserve fédérale fixe ses politiques en espérant viser un taux d’inflation de 2%. Il est considéré comme sain pour l’économie et, théoriquement, les salaires s’indexent dessus.
  1. L’inflation déclarée est une accélération de l’inflation qui se situe en territoire des 3% à 4%. Là, les salaires commencent à avoir plus de mal à suivre et les gens commencent à se sentir plus pauvres.
  1. L’hyperinflation est une inflation extrême et peut atteindre 20%, 100%, 200%, voire plus. L’hyperinflation de la République de Weimar a été si extrême “qu’une miche de pain qui coûtait environ 160 Marks fin 1922 valait 2 000 000 000 000 Marks dès la fin de l’année 1923”.

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Pourquoi la plupart des gens ne s’inquiètent pas de l’inflation… alors qu’ils devraient

Presque tout le monde pense qu’avec l’inflation, il y aurait une inflation des prix à la consommation, contexte où les prix des produits augmentent, parfois rapidement.

Après tout, on ne peut pas injecter des dollars dans l’économie, via des taux d’intérêt artificiellement bas, sans qu’ils n’affluent sur des produits et fassent grimper les prix. C’est assez simple, du point de vue économique.

Mais ce n’est pas ce que le gouvernement indique.

Selon les chiffres officiels de l’inflation, les prix à la consommation n’ont pas beaucoup augmenté.

Comme vous pouvez le constater sur ce graphique de Statistica, l’inflation est historiquement faible, en fait.

Comment est-ce possible ?

La première chose qu’il convient d’expliquer est la suivante : il y a de l’inflation, mais elle n’est pas très visible étant donné la façon dont le gouvernement américain la mesure.

Le gouvernement peut se servir des statistiques pour raconter n’importe quoi en manipulant les chiffres. Dans ce cas, depuis 1990, il est clair que le gouvernement américain tient à raconter que l’inflation est faible.

Traditionnellement, l’inflation se mesurait sur la base d’un panier de biens et services fixe d’une période à l’autre. Ce panier avait été défini comme correspondant à ce qu’il fallait pour avoir un bon niveau de vie.

Mais comme le signale ShadowStats.com, cette formule a été modifiée en 1990 pour correspondre à un concept académique populaire appelé “le niveau de bien-être constant” et devenir un “concept de coût réel de la vie”.

L’argument général était le suivant : le changement du coût relatif des produits conduirait le consommateur à opter pour des moins produits moins chers se substituant aux produits plus chers.

En permettant la substitution des produits au sein de ce panier autrefois fixe, cette utilisation maximale de l’argent détenu par les consommateurs permettrait à ces derniers d’atteindre un “niveau de bien-être constant”.

Bref, les statisticiens ont supposé que, si vous aviez l’intention d’acheter du steak, vous vous reporteriez sur une marque moins chère si son prix augmentait.

Cela a permis au gouvernement de modifier en permanence les produits présents dans le panier afin de manipuler le taux d’inflation pour qu’il soit bas, au lieu de suivre les mêmes produits sur chaque période.

Pourquoi l’a-t-il fait ? ShadowStats.com entre davantage dans le détail mais, en gros, c’était une façon d’économiser de l’argent en n’étant pas obligé d’augmenter les versements de la Sécurité sociale au rythme de l’inflation, par exemple.

Lorsque l’on compare la méthode de 1980 (courbe bleue, sur le graphique ci-dessous) à celle de 1990 (courbe rouge), on comprend aisément pourquoi.

En regardant ce graphique, on observe que l’inflation des deux dernières années évolue autour de 10%, soit l’un des taux les plus élevés jamais enregistrés depuis les années 1980, date où le calcul a été modifié

Et au sortir de la pandémie, elle s’envole à l’un des niveaux les plus élevés jamais enregistrés… Et elle se faufile en territoire d’hyperinflation.

Bien entendu, vous n’avez pas vraiment besoin qu’on vous le dise. Presque tout le monde a le sentiment que les prix des choses assez basiques ont augmenté.

Les effets de l’inflation des salaires

Malheureusement, la plupart des travailleurs américains ont vu leurs maigres hausses de salaires être effacées par l’inflation.

Comme l’indique le Washington Post :

Le département du travail américain a indiqué vendredi que le coût de la vie avait augmenté de 2,9% entre juillet 2017 et juillet 2018, soit un taux d’inflation qui surpasse l’augmentation de 2,7% des salaires sur la même période. Le “salaire réel” moyen américain, indicateur fédéral prenant en compte l’inflation, a chuté à 10,76 $ de l’heure, le mois dernier, soit 2 cents de moins que son niveau de l’an dernier.

Qui est le coupable de cette augmentation des coûts ?

L’énergie, le logement, la santé et l’assurance-santé. Des besoins essentiels.

Je le répète, les seuls qui voient leurs salaires augmenter sont ceux qui perçoivent des rémunérations élevées. C’est parce que les entreprises s’attachent à ne récompenser par des augmentations de salaires que les travailleurs les plus qualifiés, dans une démarche que le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney a qualifié de “massacre des Dilberts“.

Malheureusement, ce n’est pas nouveau.

Le salaire moyen d’un travailleur américain n’a pas augmenté par rapport à l’inflation depuis des décennies. Comme l’indique PEW :

Après correction de l’inflation, toutefois, le salaire horaire moyen actuel offre tout juste le même pouvoir d’achat qu’en 1978, après une longue dégringolade dans les années 1980 et au début des années 1990, et une progression chaotique et inconsistante depuis lors. En fait, en termes réels, les salaires horaires moyens ont atteint un pic il y a plus de 45 ans : le taux horaire de 4,03 $ enregistré en 1973 offrait le même pouvoir d’achat que 23,86 $ aujourd’hui. 

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L’inflation a pour effet d’appauvrir les gens

Pour certains, l’inflation est une mauvaise nouvelle car ils ne savent pas comment l’utiliser pour s’enrichir. Alors, l’inflation les appauvrit.

Par exemple, les salariés sont pénalisés par l’inflation car ils n’ont que leur temps à vendre et, en général, le temps n’est pas une bonne couverture contre l’inflation.

Les augmentations de salaire, lorsqu’elles interviennent, sont généralement attribuées sur une base annuelle après inflation, et non avec.

De plus, les gens lourdement endettés via leurs cartes de crédit ou crédits à taux révisables sont pénalisés par l’inflation car la Fed relève généralement les taux pour combattre l’inflation. Énormément de dettes impayées proviennent des taux d’intérêts révisables qui bondissent en période d’inflation, ce qui rend le remboursement encore plus coûteux.

Enfin, les gens qui suivent les anciennes lois de l’argent sont pénalisés par l’inflation car ils pensent qu’il est prudent d’économiser de l’argent sur un compte en banque. Mais la banque est intelligente. Elle n’est pas idiote. Et elle suit les nouvelles lois de l’argent. Elle verse sur cet argent des intérêts qui ne suivent pas l’inflation. L’argent par du pouvoir d’achat à mesure que la banque utilise votre argent pour en gagner encore plus.

Où que l’on se tourne, les choses ont l’air sombre, pour le travailleur de la classe moyenne. Mais au lieu de nous focaliser sur ce qui est négatif, j’aimerais vous raconter ce que mon père riche m’a enseigné, pour prospérer au sein d’une économie où règne l’inflation.

Le secret de mon père riche pour profiter de l’inflation

Mon père riche m’a montré comment les riches gagnaient de l’argent en période d’inflation : en appliquant l’effet de levier (emprunt) et la couverture (“hedging“).

Et depuis, je l’ai toujours pratiqué.

Je joue le même jeu que la banque. J’emprunte de l’argent à la banque à taux fixe, j’achète un actif générant un revenu qui couvre le remboursement de ma dette, et le fait que j’utilise moins mon propre argent augmente mon retour sur investissement.

Dans un contexte économique inflationniste, si le paiement de la dette est fixe, il devient bien moins coûteux à mesure que le dollar perd de son pouvoir d’achat et que mes investissements et mes revenus progressent.

La raison pour laquelle mes investissements et mon revenu progressent est la suivante : j’achète des actifs qui me protègent de l’inflation.

Par exemple, dans un contexte économique inflationniste, les loyers augmentent, en général. Quand j’achète de l’immobilier d’investissement, le paiement de la dette reste le même alors que les loyers augmentent à cause de l’inflation. Cela génère davantage de revenus. Je ne dois à la banque que le remboursement convenu. La hausse des loyers va directement dans ma poche.

C’est la même chose pour les entreprises. À mesure que le prix des produits augmente pour le consommateur, les entreprises peuvent ajuster leurs tarifs et profiter de l’inflation.

Cela fonctionne car les propriétaires d’entreprises et les investisseurs ne vendent pas du temps. Ils vendent des produits qui protègent de l’inflation en temps réel, relativement. Ils contrôlent la situation. Les salariés ne contrôlent pas leur produit – le temps – pas plus qu’ils ne contrôlent leur argent (c’est la banque ou le fonds commun de placement qui s’en charge).

Je fais autre chose, également, pour me protéger de l’inflation : j’achète des matières premières.

Récemment, je l’ai fait avec des produits énergétiques tels que le pétrole, un excellent investissement en période d’inflation, mais qui ne l’est pas en l’absence d’inflation.

Par conséquent, même si je crois que ce sont de bons investissements pour moi, ce ne sont pas de bons investissement pour tout le monde, surtout pour ceux qui sont encore novices en matière d’économie et d’investissement, et qui ne pourraient peut-être pas réagir rapidement à un changement de situation économique.

L’inflation arrive !

Personnellement, j’investis en anticipant l’inflation (et, en fait, à en croire ShadowStat.com, elle est déjà là).

Comme je l’ai dit, cela veut dire que je me débarrasse des dollars et que me reporte sur les matières premières et les métaux précieux. J’achète également de l’immobilier avec l’argent des autres, en bloquant ainsi les taux d’intérêt et en espérant que l’inflation remboursera ma dette grâce à la baisse du dollar.

Je suis convaincu qu’investir dans des actifs offrant une couverture contre l’inflation représente le meilleur pari.

Il se peut que j’aie tort, mais je me sens plus serein avec cette stratégie qu’avec celles qui dominent actuellement : épargner des dollars en investissant dans des actions, obligations et fonds communs.

Comme toujours, je ne vous dis pas comment vous devez investir. Je vous dis simplement comment j’investis. Vous devez accomplir la rude tâche consistant à étudier les faits et à découvrir si vous pensez que j’ai raison ou tort.

Au bout du compte, ce que je prêche tout le temps – investissez pour percevoir des revenus – représente la stratégie la plus sûre, la plus saine, et qui est utile en période économique inflationniste.

C’est un moyen sûr de s’enrichir.