LES 7 HABITUDES DES GENS MÉDIOCRES ET TRÈS EFFICACES

Je suis assez médiocre. J’ai honte de l’admettre.

Je ne suis même pas sarcastique, là, ni même dans l’auto dérision.

Je n’ai jamais rien fait de réellement spectaculaire. Du genre « Il est allé dans l’espace ! » Ou… « Il a produit un best-seller ! » Ou encore « Si seulement Google y avait pensé ! »

J’ai connu des succès et des échecs (j’en ai largement parlé ici), mais je n’ai jamais atteint les objectifs que je m’étais fixés. J’ai toujours dévié en cours de route, en quittant une voie pavée d’or pour me retrouver dans le désert.

J’ai créé quelques entreprises. J’en ai vendu quelques-unes. La plupart ont été des échecs. J’ai investi dans quelques startups. J’en ai vendu quelques-unes. D’autres ont été des échecs, et pour d’autres encore, la question reste ouverte.

J’ai écrit des livres, que je n’aime plus pour la plupart (sauf ceux que vous recevez quand vous vous abonnez à ma newsletter).

Je peux vous dire, globalement, que tout ce que j’ai fait s’est distingué par sa médiocrité, son manque de vision spectaculaire, et tout succès que j’aie pu connaître pourrait aussi bien être attribué à la chance qu’aux efforts produits.

Cela dit, tout le monde aimerait bien avoir cette chance. On ne peut pas tous être un extraordinaire visionnaire. On ne peut pas tous être Picasso. On a envie de s’occuper de nos affaires, de réaliser nos œuvres, de les vendre, de gagner de l’argent, d’élever des enfants et d’essayer d’être heureux.

D’après moi et mon expérience, viser quelque chose de grandiose représente la voie la plus rapide vers l’échec.

Pour un Mark Zuckerberg, on a 1 000 Jack Zuckerman.

Mais qui est Jack Zuckerman ? Je n’en sais rien, justement.

Si vous êtes Jack Zuckerman et que vous lisez ces lignes, pardonnez-moi. Vous avez visé les étoiles et cela n’a pas marché. Lors de votre retour dans l’atmosphère, votre bouclier thermique s’est brisé et vous avez flambé comme un fétu de paille avant d’atteindre l’océan. Et maintenant, on ne sait absolument pas qui vous êtes.

Si vous voulez être riche, vendre votre société, consacrer du temps à vos passe-temps, avoir une famille à peu près décente (avec des enfants médiocres, etc.), et profiter d’un coucher de soleil, de temps en temps, avec votre conjoint, voici quelques recommandations très efficaces.

La procrastination

Entre le moment où j’ai écrit la dernière phrase et celle-ci, j’ai fait une partie d’échec (et j’ai perdu). Mon roi et ma reine se sont fait faucher par le cavalier.

Mais bon… ce sont des choses qui arrivent : « Tu m’y prends une fois, je suis une andouille », etc. [NDLR : normalement, l’expression est « Fool me once, shame on you, but fool me twice, shame on me » qui signifie « Tu m’y prends une fois, tu es une fripouille, tu m’y prends deux fois, je suis une andouille ».]

La procrastination, c’est lorsque votre corps vous dit de prendre un peu de recul et de réfléchir à deux fois sur ce que vous faites.

Lorsque vous procrastinez, en tant qu’entrepreneur, cela peut vouloir dire qu’il vous faut plus de temps pour réfléchir à vos arguments commerciaux, et également que vous faites quelque chose qui n’est pas votre point fort et que vous feriez mieux de le déléguer.

J’ai découvert que beaucoup d’entrepreneurs essaient de tout faire eux-mêmes, alors qu’il serait moins cher et moins chronophage de déléguer, même si cela implique un coût.

Dans ma première entreprise, la première fois que j’ai délégué une tâche de programmation à quelqu’un d’autre, c’était comme si une ampoule avait explosé dans ma tête. A l’époque, je suis allé à un rendez-vous amoureux. Et c’était infiniment mieux que suer toute la nuit sur un stupide bug de programmation (merci, Chet, d’avoir réglé ce problème).

Essayez de découvrir pourquoi vous procrastinez

Peut-être avez-vous besoin de réfléchir davantage pour améliorer une idée. Peut-être que l’idée n’est pas bonne, telle qu’elle est. Peut-être faut-il que vous déléguiez. Peut-être avez-vous besoin d’en savoir plus. Peut-être n’aimez-vous pas ce que vous faites. Peut-être n’appréciez-vous pas le client sur le projet duquel vous planchez. Peut-être devriez-vous faire une pause.

On ne peut réfléchir à quelque chose que quelques secondes d’affilée avant d’avoir besoin de temps pour régénérer ses muscles créatifs. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Les gens exceptionnels peuvent se remuer les méninges en chaîne. Steve Jobs n’a jamais eu besoin de faire une pause. Mais moi, si.

La procrastination est peut-être un signe fort indiquant que vous êtes perfectionniste, que vous êtes bourré de problèmes liés à la honte. Cela vous empêchera de créer et de revendre votre entreprise. Analysez votre procrastination sous toutes les coutures. Votre corps tente de vous dire quelque chose. Ecoutez-le.

Ne rien faire

Selon un mythe largement répandu, les gens exceptionnels seraient capables de faire plusieurs choses à la fois efficacement. C’est peut-être vrai, mais moi je n’y arrive pas.

J’en ai la preuve statistique. J’ai une grave addiction : si vous me parlez au téléphone, il y a presque 100% de chances que je sois en train de jouer aux échecs en ligne. Lorsque le téléphone sonne, l’une de mes mains l’attrape tandis que l’autre se dirige vers l’ordinateur pour démarrer une partie d’échec d’une minute.

Aux échecs, le classement est basé sur un système de notation généré statistiquement. Alors je peux facilement comparer comment je m’en sors en téléphonant en même temps ou pas : la variation est de trois écarts-types.

Alors imaginez si je parle au téléphone en conduisant. Ou si je réponds à des e-mails. C’est la même chose : les appels téléphoniques provoquent une variation de trois écarts-types de l’intelligence. A un moment ou à un autre, on fait tous plusieurs choses à la fois.

Donc, les gens exceptionnels sont capables d’être multitâches.

Mais comme – par définition – la majorité d’entre nous n’est pas exceptionnelle (99% d’entre nous ne font pas partie des 1% figurant en tête), il vaut mieux être monotâche.

Contentez-vous de faire une seule chose à la fois. Quand vous vous lavez les mains, écoutez le bruit de l’eau, ressentez-la sur vos mains, frottez bien partout. Soyez propre. Concentrez-vous sur ce que vous faites.

Souvent, l’entrepreneur médiocre qui a réussi devrait s’efforcer d’exceller à ne rien faire.

Ne faites rien. Nous nous sentons souvent obligés de « faire quelque chose », sinon on se sent honteux (je devrais dire « je »). Parfois il vaut mieux être silencieux, simplement, pour ne penser à rien. C’est du silence que surgit la meilleure créativité.

Et non de la précipitation et de la panique.

L’échec

Pour autant que je sache, Larry Page n’a jamais connu d’échec. Il est passé directement de l’université aux milliards de dollars.

Pareil pour Mark Zuckerberg, Bill Gates et quelques autres.

Mais là encore – par définition – la majorité d’entre nous est plutôt médiocre. On peut aspirer à l’excellence mais nous ne l’atteindrons jamais. Alors cela veut dire que l’on rencontrera souvent l’échec. PAS TOUJOURS. Mais souvent.

Mes 17 dernières tentatives ont été des échecs. J’ai commis des erreurs si souvent, lors de ma première entreprise réussie, que je cela me gêne presque de les raconter. Je me souviens d’une fois où j’ai essayé de convaincre la mère de Tupac [NDLR : célèbre rappeur américain assassiné en 1996] qu’il fallait que je réalise le site internet de son fils décédé. J’avais compilé tout mon travail sur un « CD » (un quoi ?).

Je suis allé dans les bureaux du manager de Tupac, et il m’a dit : « Bon, montrez-moi ce que vous avez ».

Mais il y a eu un problème : je n’avais jamais utilisé un ordinateur sous Windows. Seulement des Mac et des systèmes d’exploitation Unix. Et donc, franchement, je ne savais pas du tout comment insérer le CD dans l’ordinateur et visualiser ensuite son contenu. Et pourtant, j’avais fait des études d’informatique, à l’université.

Il m’a dit : « Vous vous fichez de moi ? »

C’était un boulot à 90 000 $. Il aurait payé les salaires pendant deux mois, au moins. L’affaire était dans le sac jusqu’à ce que j’entre dans son bureau. J’ai quitté son bureau en pleurant, et lui il rigolait.

Lorsque je suis rentré au bureau, tout le monde m’a demandé « Comment ça s’est passé ? », j’ai répondu : « Assez bien, je pense ». Et je suis rentré chez moi pour pleurer à nouveau. C’est mon truc.

Ensuite, je me suis acheté un PC sous Windows et j’ai appris à m’en servir. En fait, je ne pense pas avoir jamais racheté un Mac. On peut tirer des leçons de nos réussites. Mais il est bien plus facile d’en tirer de nos échecs. En définitive, la vie est une condamnation à l’échec ponctuée de brefs moments de réussite.

Alors l’entrepreneur médiocre tire deux enseignements d’un échec :

Premièrement, il apprend tout de suite à surmonter cet échec spécifique. Il est extrêmement motivé par le désir de ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Deuxièmement, il apprend à gérer la psychologie de l’échec. Les entrepreneurs médiocres vivent beaucoup d’échecs. Alors ils acquièrent cette extraordinaire compétence : exceller en matière de gestion de l’échec. Cela se traduit par une réussite financière.

L’entrepreneur médiocre comprend que la persévérance n’a rien à voir avec ce classique du développement personnel : « Continuez tant que vous n’avez pas atteint la ligne d’arrivée ! »

Le slogan clé est plutôt le suivant : « Continuez de rater jusqu’à ce que – accidentellement – cela ne vous arrive plus. »

C’est ça, la persévérance.

Rien d’original

Je n’ai jamais trouvé une idée originale de ma vie. La première entreprise que j’ai créée, et qui a réussi, produisait des logiciels, stratégies et sites internet pour des sociétés figurant au classement Fortune 500.

Ce n’était pas une idée originale mais, à l’époque – dans les années 1990 – les gens déboursaient des sommes folles pour ce genre de choses.

Dans toutes les situations où j’ai réussi mes investissements, j’étais sûr que les P-DG et autres investisseurs impliqués étaient plus intelligents que moi. J’ai publié un article sur ce thème, dans TechCrunch, intitulé :

Dans toutes les situations où j’ai échoué, en tant que business angel, je m’étais trouvé malin. Or, ce n’était pas le cas. Je suis médiocre.

Les meilleures idées, ce sont deux idées anciennes n’ayant rien à voir l’une avec l’autre que l’on prend et que l’on marie, puis on bâtit une entreprise avec l’horrible rejeton qu’elles ont produit.

Ce rejeton est si laid que personne d’autre n’a voulu l’approcher.

Prenez Facebook : le mariage d’internet et du harcèlement. Sidérant. Et, soit dit en passant, c’était à peu près la cinquième tentative de création de ce type de réseau social.

Twitter : le mariage d’internet et des vieux protocoles de SMS. Moche ! Mais cela fonctionne.

EBay : le mariage du commerce en ligne et des enchères.

La chanson « I’ll be there » : le « mariage » de Mariah Carey et de Michael Jackson.

Si Justin Bieber chantait « Imagine » de John Lennon, ce serait un énorme succès. Et peut-être même que je l’écouterais.

Nul en relationnel

C’est moi. Vous savez, ce type, dans les soirées, qui ne parle à personne et qui reste dans son coin. Je ne vais jamais aux réunions « du monde technologique ». En général, je refuse des invitations à dîner idéales pour se constituer un réseau. J’aime bien rester chez moi et lire.

Quand je dirigeais une entreprise, j’étais souvent trop timide pour parler à mes employés. J’appelais mon assistante, d’en bas, pour lui demander s’il n’y avait personne dans le hall, puis de déverrouiller la porte de mon bureau. Et là, je me précipitais en haut des marches et je fermais à clé derrière moi.

Mais beaucoup de gens font trop de relationnel. Etre entrepreneur, c’est déjà assez rude. On passe 20 heures par jour à gérer des employés, des clients, des réunions et le développement de produits. Et on assume entièrement les responsabilités.

Et après, qu’est-ce qu’on va faire ? Faire du réseautage toute la nuit ?

Laissez cela aux grands entrepreneurs. Ou à ceux qui sont sur le point de se planter.

L’entrepreneur médiocre travaille 20 heures par jour, puis se détend dès qu’il le peut. Gagner de l’argent, c’est dur. Pas une soirée.

Faites tout pour obtenir un oui

Voici une négociation que j’ai menée. J’étais en train de lancer stockpickr.com et j’ai rencontré le PDG de thestreet.com. Il voulait que sa société ait un pourcentage de stockpickr.com et, en échange, il remplirait tous nos espaces publicitaires.

J’étais ravi.

Je lui ai dit : « Ok, je pensais que vous pourriez avoir 10% de l’entreprise. »

Il a ri et répondu : « Non, 50% ».

Il n’a même pas dit « On aimerait avoir 50% ».

Il a simplement dit « 50% ».

Ensuite, j’ai sollicité toutes mes compétences de négociateur et j’ai répondu : « D’accord. Marché conclu ».

Je suis un vendeur. J’aime que les gens me disent « oui ». Je me sens mal dans ma peau, quand on me dit « non » ou, pire, si on ne m’apprécie pas.

Lorsque j’ai lancé une entreprise qui réalisait des sites internet, on essayait de décrocher Miramax.com.

J’ai lancé : « 50 000 $ ».

Ils ont dit : « 1 000 $ maximum et c’est déjà trop ».

J’ai appliqué ma technique habituelle et répondu : « Marché conclu ! ».

Mais au bout du compte, dans un cas, thestreet.com a pris une importante participation dans la société. Et pour ma première entreprise, comme Miramax.com faisait désormais partie de mes clients, Consolidated Edison a payé bien plus cher.

Je suis un médiocre vendeur et probablement un médiocre négociateur, bien que j’essaye d’apprendre auprès des meilleurs.

Mais, par conséquent, je signe plus de contrats. De temps en temps, je vends à perte et puis, en fin de compte, je décroche le gros lot si suffisamment de personnes disent « oui ».

C’est comme faire des propositions à toutes les filles qu’on croise dans la rue. Peut-être qu’une sur cent va répondre « oui ». Dans mon cas, c’est vraisemblablement une sur un million, mais vous avez compris ce que je voulais dire.

Un piètre juge

L’entrepreneur médiocre n’a pas cette « intuition » dans le sens où Malcolm Gladwell [NDLR : auteur de La force de l’intuition (Blink)] l’entend.

Dans son livre, Gladwell parle souvent des gens qui sont capables de juger correctement quelqu’un en deux ou trois secondes.

Mon premier jugement, lorsque je rencontre quelqu’un – ou même que je le vois – est le suivant : je te déteste.

Et ensuite, je passe de cette opinion à une confiance excessive. Finalement, au bout de plusieurs allers-retours, et après bien des tentatives et des erreurs, je me retrouve quelque part entre les deux. J’ai également tendance à laisser tomber les gens à qui je ne peux pas faire confiance très rapidement.

Je pense qu’un excellent entrepreneur est capable d’avoir un jugement spontané et très juste. Mais cela ne fonctionne pas pour la plupart des gens.

A ce stade, lorsque je rencontre quelqu’un, je fais en sorte de ne pas me fier à mon premier instinct. J’apprends à connaitre davantage les gens. J’apprends à comprendre quelles sont leurs motivations. Je tente de sympathiser avec leur opinion, quelle qu’elle soit. Je les écoute.

Je n’essaie pas d’argumenter ou de parler d’eux avant de savoir quoi que ce soit. Je consacre beaucoup plus de temps à apprendre à connaitre les gens dont je souhaite me rapprocher. Je dois le faire car je suis médiocre, et que je cours beaucoup plus le risque de faire entrer les mauvaises personnes dans mon cercle.

Alors le temps que je décide de me rapprocher de quelqu’un – un client, un employé, un acquéreur, une entreprise qui se fait racheter, une épouse, etc. – je réfléchis énormément à leur sujet. Cela veut dire que je ne peux pas perdre mon temps à penser à d’autres choses, du genre « comment envoyer une fusée sur Jupiter ? ». Mais dans l’ensemble, cela a fonctionné.

« Je pensais qu’être médiocre, c’était censé être négatif », pourrait-on dire. Ne devons-nous pas viser l’excellence ?

Et la réponse est la suivante : Bien sûr que oui ! Mais n’oublions pas que 9 conducteurs sur 10 pensent « être au-dessus de la moyenne, en termes de conduite ».

Les gens se surestiment. Ne laissez pas cette surestimation vous empêcher d’être fabuleusement riche, ou du moins de réussir suffisamment pour que vous puissiez être libre, nourrir votre famille et profiter des autres choses de la vie.

Etre médiocre ne signifie pas que vous ne changerez pas le monde.

Cela veut dire être honnête avec vous-même et les gens qui vous entourent.

Or, être honnête à tous les niveaux, c’est vraiment la meilleure habitude de toutes, si vous voulez avoir énormément de succès.